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[Je tiens ici à remercier la Responsable des Espaces
Verts de la BNF pour ses informations sur le dortoir
et l'effarouchement.
Grand merci à Cyril Orliac, le fauconnier, pour ses
passionnantes explications sur la fauconnerie et les buses de Harris.]
10-11 Mars 2008
DORTOIR DES ETOURNEAUX DU JARDIN DE LA BNF
En 1994 126 pins sylvestres adultes (de la forêt de Bord en
Normandie) furent plantés dans le jardin intérieur de
près d'un hectare, du site François Mitterrand de la
Bibliothèque Nationale de France. Une bonne partie a
été cassée lors de la tempête de 1999.
D'autres essences peuplent le jardin comme: pins, bouleaux,
charmes. Ainsi que des essences comme le sorbier des oiseaux, le
noisetier, le tremble.
Pour en savoir plus: le site de la BNF.
Abrité du vent entre les quatre bâtiments le jardin plait
beaucoup aux oiseaux, particulièrement aux pigeons ramiers et
aux étourneaux sansonnet qui s'y retrouvent par milliers
durant l'hiver. Début janvier nous étions allés
voir les grands vols d'étourneaux rentrant au dortoir.
Des milliers d'oiseaux produisent bien sûr des déjections, c'est un bon
engrais... à petites doses. Les arbres du jardin pâtissent du trop
grand nombre.
En hiver 2006 ils ont été dissuadés par une opération d'effarouchement, de rester à la BNF par l'intervention de fauconniers avec l'aimable participation de buses de Harris.
Cette année la BNF a décidé de faire de nouveau intervenir les fauconniers. La Responsable des Espaces Verts de la BNF nous a expliqué que le nombre d'étourneaux cette année a été très fluctuant. Il y en avait peu en décembre puis leur nombre a considérablement augmenté d'où sa décision de les dissuader de rester occuper plus longtemps leur cher dortoir.
L'opération d'effarouchement a eu lieu lundi et mardi.
Lundi 10 mars
Pas bien chaud ce soir là à la BNF dans le vent violent et la pluie. Sur l'esplanade çà souffle dur. Quelques courageux ont osé braver les éléments.
Eux aussi.
Voici Bonnie, la buse de Harris et Cyril son fauconnier.
Le vent violent n'est pas un problème pour les rapaces
suffisamment musclés et bien entraînés. Ce ne sont donc
pas ici de jeunes oiseaux.
L'entraînement de l'oiseau dure environ un an.
La buse de Harris, (Harris's Hawk) [Parabuteo unicinctus] est originaire du Sud-Ouest des Etats-Unis.
Sa distribution s’étend au Texas, au désert du Nouveau Mexique, en Arizona et en Californie.
Une de ses particularités est de vivre, élever ses petits et chasser en groupe. Le groupe idéal, très hiérarchisé, peut comprendre 5 oiseaux autour de la femelle et du mâle alpha.
Elle est brun chocolat et possède des plumes blanches
à la base de la queue (on l'appelle aussi buse à croupion
blanc). Ses longues pattes sont jaunes. Elle mesure de 48
à 60 cm de hauteur et de 103 à 124 cm d'envergure d'ailes.
Elle est d'un caractère très sociable et est très utilisée par les fauconniers.
Nous avons pu l'approcher très près.
En savoir plus.
La buse aussitôt lâchée se pose sur les rambardes (celles que l'architecte a mis pour nous empêcher
de voir le jardin!) le long du jardin intérieur de la BNF et reste
attentive… aux pigeons, Le fauconnier nous précise qu'ils sont son met
favori. Elle est très vite repérée par les pigeons qui s’envolent
immédiatement. Les corneilles
dérangées sur leur territoire mènent grand tapage.
A la patte en plus des jets, elle porte un émetteur radio, le
petit cylindre rouge que l'on voit sur la photo. Il faut qu'il soit
suffisamment léger pour qu'elle n'ait pas envie de l'arracher "et encore, il faut négocier".
Cela permet au fauconnier de la repérer plus
facilement. Cela sera le cas dans le jardin de la BNF où elle
est très difficile à localiser lorsqu'il fait sombre, sur
le vert sombre des pins.
En fauconnerie on distingue les oiseaux de haut vol, ce sont les
faucons qui détectent leur proie en étant en vol et les
oiseaux de bas vol, comme Bonnie, où l'oiseau est posé
sur le poing et s'élance à la poursuite de sa proie, un
lièvre par exemple. Dans la nature elle se pose sur un arbre et attend sa proie.
Bonnie Harris.
Il y a encore peu d’étourneaux vers 18h.
Alors Bonnie patiente dans son chaperon.
18h40 les premiers groupes arrivent.
Un peu de bruit les accueille. Des fusées à bruit sont lancées et je vous assure que l'on a fort envie de quitter les lieux! Le bruit est impressionnant. Côté étourneaux? On s'envole et on revient.
Le gros de la troupe arrive vers 18h45. Ils sont très nombreux ce soir. De longs rubans arrivent de la direction du parc de Bercy et commencent à tourner pour entrer à leur dortoir. La buse est là.
Ils hésitent, reprennent leur vol.
Malgré la présence de la buse, des groupes réussissent à se poser. La
buse vole au-dessus du jardin.
Mardi 11 mars
Il faisait mauvais hier, pas terrible aujourd'hui non plus! Moins de vent mais bonnes averses.
Il est 19h, le ciel est très couvert. Il fait très sombre. Les photos seront assez mauvaises, l'éclairage est pire qu'hier.
Aujourd'hui elles seront deux. Bonnie n'est pas seule, Clyde plus jeune, est venu la rejoindre. En effet il faut que les oiseaux conservent une certaine "motivation". Si Bonnie avait dîné hier soir son intérêt risquait d'être moindre aujourd'hui.
Pose de l'émetteur.
Les corneilles protestent toujours avec véhémences
à l'arrivée de Bonnie, que l'on arrive à
distinguer ailes ouvertes dans les pins.
Quelques petits groupes d'étourneaux arrivent. Beaucoup, beaucoup moins qu'hier. Ce ne sont plus les longs rubans venant de Bercy mais de petits groupes épars qui se regroupent. De 10 000 (?) la veille, il en reste quelques milliers.
Il
fait très sombre. Les buses sont difficiles à voir. Repérage des buses grâce à leur
émetteur. On distingue l'une d'elle dans les pins.
Clyde lui, est parti faire un petit tour. Il finira par répondre aux appels et revenir.
En vol au-dessus du jardin.
La journée se termine.
Les étourneaux passeront encore une mauvaise nuit. Je me demande où ils sont partis installer leur dortoir.